08 Aug Attentat à Beyrouth, l’empire « perse » (Velayat-e faqih) frappé au Liban
Des forces de caractère politique et économique s’opposent à la création de la fédération des États regroupant le Liban (une création bien française), la Syrie dont la France a perdu le contrôle au profit de la Russie, l’Irak et l’Azerbaïdjan. C’est un projet politique. Il est conçu et soumis à l’approbation des États susmentionnés par l’Iran et se concentre autour de l’Iran qui, se projetant dans l’avenir, vise la renaissance de l’empire perse. À titre de rappel, et juste pour information, l’Iran actuel est perse et chiite ; le Liban communautaire autour de trois principaux groupes suivants : druze, chrétien et musulman (Chiites, sunnites, les Alaouites) ; l’Irak est à majorité chiite tandis que l’Azerbaïdjan est un mélange de Turques, de chiites, de sunnites et de Russes. Ce projet est dénommé Velayat-e faqih.
On peut bien comprendre, ou cela s’explique de soi-même que l’Iran ne puisse survivre autrement seul dans la région en face des grands ensembles historiques, démographiques et géographiques tels que la Chine, la Russie et l’Inde. À l’heure des « grands ensembles », l’époque actuelle qui se distingue par sa multipolarité, l’Iran des Ayatollah s’est lancé dans un calcul géostratégique qui non seulement dépasse la fiction, mais qui a le désavantage de rassembler contre lui les nations occidentales qui dans leur lutte de survie restent aux aguets en démultipliant des stratégies de résistance. Les puissances d’hier ne s’avouent toujours pas vaincues, puisqu’elles sont en quête de manière permanente de nouvelles opportunités de domination. Pour elles, c’est une question de vie et de mort. Malheureusement, c’est cette permanence dans la lutte que nous, en tant qu’entité et peuples dominés et sous domination, sommes lents d’apprendre.
En faisant bombarder le Liban, à travers l’essai d’une nouvelle arme aux effets atomiques, les forces affaiblies, puisque ne pouvant détruire l’Iran directement, tentent de faire pression sur ce dernier voisin direct d’Israël, en l’appelant à boycotter le projet iranien. Liban, bien que déjà divisé, est gouverné en morceaux (les maronites, les chiites, les Chrétiens) qui se partagent le pays et le siège au parlement. Le Liban est militairement dominé par le Hezbollah. C’est quand même la première « armée non-étatique au monde » qui fait peur à tout le monde. Les derniers à adopter ses techniques de combat sont des Russes. Nasrallah, le secrétaire général de Hezbollah soutient le projet iranien pour des raisons différentes : la fédération, si seulement elle voyait le jour, tiendrait compte des différents systèmes politiques des États qui allaient la composer, tandis que Naïm Qassem (le secrétaire général adjoint de Hezbollah) et ses partisans souhaitent que la fédération reflète, au niveau de sa gestion, l’idée de la république de Platon, avec des sages placés à sa direction. Est-ce que Le Hezbollah est divisé à son tour. Son erreur ne consiste pas à se transformer en parti politique au lieu d’inventer une autre forme d’association ? Le fameux axe de la résistance tiendra-t-il longtemps ? La Chine dont la balance commerciale avec l’Iran fait d’elle la première alliée de l’Iran n’a rien vu venir ou a-t-il laissé faire au Liban pour empêcher la matérialisation de l’empire perse ? La Russie en Syrie n’est pas non plus intervenue. La situation au moyen Orient renvoie malheureusement au laisser-faire de la Chine et de la Russie dans les Grands Lacs, en Afrique face aux grands enjeux. Dans « le triangle de la mort », j’ai eu à parler d’une entente sournoise entre les puissances, une entente qui ne voudrait pas dire son nom, mais au détriment des nations à garder sous contrôle. La Russie et la Chine appréhendent-elles négativement le repositionnement de l’Iran dans un projet concurrentiel et de jeu de puissance alors que ce pays, producteur du pétrole et du gaz, ne devrait rester qu’un possible marché ? Le parallélisme au Moyen Orient ne s’arrête pas qu’à ce niveau. Étudier l’adversaire, c’est déjà le connaître.
Contrairement à l’Iran, le Rwanda de Paul Kagame est incapable d’ambitionner la grandeur, parce qu’il tient à la domination tutsie dans des micro-espaces au lieu de fédérer des pays et des États devant le danger d’un monde soumis au règne des grands ensembles. Le Rwanda, c’est un cas de la petitesse d’esprit guidé par une lecture réduisant la notion de leadership rwandais en un instrument à exploiter, faisant le bonheur d’un maître qui ne demande pas mieux. La question à se poser, c’est de savoir comment être séduit par le Rwanda, jusqu’à en faire un allié alors qu’il se contente de diviser en vue de fabriquer des petits États. Pour conclure, je reprends le titre d’un article intéressant du journaliste Kibambi Shintwa : « Les prémonitions d’un sage face à la déglingue programmée de la Rdc » : « Les Belges avaient programmé les meilleurs d’entre nous pour n’être, que leurs auxiliaires. Pas plus. Pour nous maintenir dans cet état, ils nous ont imposé des comportements que nos mémoires ont enregistrés avec soin et que nous reproduirons fidèlement de génération en génération, à leur commande ». Des minorités résistent.
Le monde attend de nous que l’on réalise l’ambition contenue dans le projet Likambo ya mabele. Non seulement que nous le prônons, en l’écrivant, mais nous ne ratons aucune occasion pour fédérer des énergies, des intelligences et trouver des moyens financiers à sa réalisation.
Likambo oyo eza likambo ya mabele…
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Homme libre et dissident
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