Au banc des accusés, le personnage dit « intellectuel Congolais » et celui d’Afrique en général

Au banc des accusés, le personnage dit « intellectuel Congolais » et celui d’Afrique en général

Cette créature introduit par le colonisateur dans son propre système de colonisation interne en Afrique comme en RD-Congo, représente le mal, la menace et le danger qui entrave le cheminement de l’émancipation de l’homme « Noir ». Et dans notre cas, il s’agit de l’homme qui est dit congolais.

Pour asseoir son système de domination en RD-Congo, en Afrique en général, le colonisateur européen, ou Arabe, a besoin d’un agent intermédiaire entre les populations dominées et lui, le nouveau « maître ». Ce dernier n’étant pas directement accepté, et ce pour de multiples raisons, notamment celle liée à la communication, la langue locale, le colonisateur n’en parle pas, voire ne cherche même pas à en parler et à l’apprendre. D’autre part, il y a la méfiance du dominé vis-à-vis de celui qui le maltraite et qui, à juste titre, est pris pour ce qu’il est un envahisseur. Pour le colonisateur, il lui a fallu le service et l’appui d’un agent fabriqué à son image, celle du colonisateur. À qui, il lui apprendra vite ses codes. Et lesquels le distanceraient, l’éloigneraient de ce qui devenait étranger pour le nouvel agent noir et congolais. Mais le nouvel agent du colonisateur, qui est d’abord séduit par son nouveau mode de vie et le semblant de « statut » acquis aux yeux à la fois du colonisateur et vis-à-vis de ses propres frères, son état d’envoûtement nommé « intellectualisme », l’empêche de comprendre ce qui lui arrive, d’interpréter sa condition de traitre et de traitrise, de collaborateur et de collaboration du moment que lui-même ignore le degré et l’état de sa manipulation et de son instrumentalisation.

S’habiller comme le maître, on peut s’en passer. Parler sa langue, on peut encore s’en passe. Rejoindre son mode de logement est pour beaucoup synonyme de progrès. Ce que je comprends et je refuse de l’admettre. Parce qu’en Europe et en Occident, le fait d’habiter dans ces habitations n’a jamais été synonyme de bonheur et de progrès ou de victoire contre la misère. Qui ignore la souffrance que tous les pauvres ouvriers européens qui habitent ce type de logement à l’occidental mais qui se suicident en abandonnant tout derrière eux pour exprimer un mal qui quand même reste caché. Il faudra y entrer dans ces maisons pour y côtoyer tout, la misère. Quel avantage, il y a à parler correctement une langue dont ceux qui en parlent couramment ignorent sa structure. Beaucoup d’entre eux se soucient à peine de sa grammaire, de son orthographe. Et bien qu’ils en parlent, ils ne sont pas plus heureux, voire développés que des Congolais qui s’y mettent à leur tour.

Le personnage « intellectuel » congolais et « noir », dans son rôle d’agent intermédiaire, est opposé à celui que le statut du colonisé, c’est-à-dire du dominé, a réduit au rang du « chef coutumier » qui, dans le système local combattu par la colonisation, représentait un certain ordre et que dans sa cours, ses collaborateurs et les anciens détenaient un type de savoir. Et qu’on le veuille ou non, celui-ci couvrait et représentait un ensemble de connaissances. Écrites ou pas, je m’en moque à ce stade. Car ce n’est pas ce qui fait l’objet de mon texte aujourd’hui. Il y a aussi à boire et à manger dans tout ce qui se raconte autour de ce sujet des langues écrites. Et voilà que ce type de connaissances, devenues à l’Africain, perdent leur identité de connaissance ainsi qui leur pouvoir au motif qu’elles sont unilatéralement déclarées, et ce pour des raisons de domination, de savoir non « scientifique ». À l’opposé, le colonisateur érige le savoir issu de l’école du type occidental au rang d’« intelligence ». L’intellectuel « Noir » et congolais formé et nourri à ses mamelles, devient dédaigneux et arrogant vis-à-vis de ses propres frères et sœurs à qui ce savoir n’a pas été accordé. Le voilà qui prend sa place au sein du système qu’il ne saura plus remettre en question. Car le système a su le coopter, à sa place et dans son rôle, après l’avoir bien sûr corrompu au moyen de ses astuces. Et il y a de quoi. Il suffit de voir l’arrogance de nos « profs » et « docteurs », des êtres alignés.

Malgré le nouveau statut acquis, le fait de posséder le savoir qui devient « universel » ne fait pas de du personnage noir et congolais, sa source. Le canon qui lui est imposé lui a fait dire qu’ils ne pourraient publier et écrire que dans le cadre de ce qui existe déjà. Très souvent, ce n’est jamais pour contester ce qui existe, voire le remettre en question. Plutôt, c’est pour l’amplifier, le compléter, pour lui permettre ainsi de garder son statut.  Et ce même quand des gens comme Edgar Morin affirme que le savoir a déserté l’université et l’Occident. Plus rien de progrès, de science se produit en Europe, en Occident dans le monde du savoir. Le maître s’éteint et avec lui son esclave dit intellectuel noir et congolais.

Des « Africains » viennent en Europe pour apprendre. Ceux qui y sont éduqués comme ceux qui étudient sur place sur le continent, certains d’entre eux étudient la sociologie dont le maître est Emile Durkheim qui lui est parti du paradigme de son monde et de l’observation empirique de la société occidentale pour élaborer des théories et par la suite en faire une science, mais une science qui fait l’éloge de l’individualisme. Des sociologues africains et de la RD-Congo issus des sociétés dont les bases sont la solidarité, la fraternité et la communauté adoptent le discours du la nouvelle sociologie. Devenus sociologues, ils propagent à leur l’individualisme dans un combat non déclaré contre la solidarité et le partage à l’Africain, qui devient dépassé et même trop pesant.  Qui pourra convaincre un jeune garçon qui a perdu son père à l’âge de 19 ans et qui depuis a tout donné pour devenir le père de sa propre mère et de sa sœur. Responsabilités et devoirs qu’il a assumés avec amour et abnégation parce que de ses parents il a appris le sens et le devoir du frère ainé ou de l’ainé tout court. C’est un réel bonheur de voir sa mère heureuse et fière de lui et aujourd’hui de voir sa petite sœur en famille et une dame. Ce bonheur, je le partage avec l’écrivain brazzavillois Tchicaya U’Tam’Si’ Si qui dans son roman « Ces fruits si doux de l’arbre à pain » donne le sens de l’ainé dans chez les Vili.

On pourrait en dire de même de l’économiste Noir et congolais qui étudie l’économie et qui tente d’appliquer les théories de cette science économique établies à partir des crises et de l’observation de la société qui leur donne vie. Souvent, des noms tels que Keynes, Marx, Smith, Adam Smith, sont cités alors que nos pays sont des sociétés de paysannerie et elles n’ont pas encore connues, voire traversées les crises qui sont à l’origine de la formulation des sciences économiques en vogue.

Quid de nos juristes qui sont fiers d’étaler le code napoléonien et défendent les constitutions rédigées et établis en Belgique sous la direction de belges.  La liste est longue. Et je refuse de parler de ceux qui accompagnent et entretiennent la domination anglo-saxonne en RD-Congo par le biais du Rwanda et de Paul Kagamé. Je ne voudrais pas leur faire cet honneur.

Alors que faire ?

Lao-Tseu, un philosophe chinois disait à son époque : “Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.”. Notre crise est plus que politique. Elle est une crise d’homme.

Tshiyoyo Mufoncol
mufoncol.tshiyoyo@gmail.com
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