« Ça passe ou ça casse », pour vendre les accords de la CENCO aux masses congolaises

« Ça passe ou ça casse », pour vendre les accords de la CENCO aux masses congolaises

Qu’est-ce que Christophe Lutundula voulait réellement dire quand il déclarait notamment que : « Nous sommes, (c’est-à-dire eux, et c’est une précision de taille que j’expliquerais dans le texte même), à une phase décisive. Ça passe ou ça casse ». Je me demande si, en le disant, il voulait vraiment faire peur à ses compatriotes congolais ou c’était de cette manière que les siens, ceux de son groupe, et lui pensaient sûrement amener les masses congolaises à adhérer poings et pieds liés au schéma du complot de la Saint Sylvestre qui consiste, et disons-le une fois pour toutes, à perpétuer le statu quo, ce, quelle que soit sa forme. Mais le pire qu’eux attendent est déjà atteint pour nous au Congo. C’est depuis l’avènement de l’AFDL. Et on ne voit pas ce qu’il y aurait encore à craindre quand, selon les organisations internationales de droits de l’hommiste, le seuil de 8 000 000 de morts est déjà dépassé au Congo-Kinshasa. Hélas, c’est ce que « ça passe ou ça casse » de Christophe n’arrive pas à intégrer. Personne de leur groupe ne se montre assez homme et courageux pour prononcer le mot génocide au Congo. Personne ! Voilà pourquoi j’ai tenu personnellement à lui répondre pour lui demander de dire à notre peuple ce qu’il y aurait encore de pire à attendre quand le Congo-Kinshasa vit sous domination de l’élite rwandaise ? Et si on pouvait tous nous prendre au sérieux ? « J’ai peur quand ça se tait. Quand ça ne parle que dedans. L’intérieur est plus impitoyable que le dehors », écrit Sony Labou Tansi dans « La parenthèse de sang ».

Ils disent être à la commande ?
Des frères congolais croient être à la commande de quelque chose au Congo-Kinshasa alors que c’est juste un mirage. Ils vous crachent dessus sur le visage qu’ils ont pris le pouvoir, ils sont à la tête de quelque chose, et que tous les autres devraient uniquement s’en accommoder. C’est ce que fait comprendre notre cher ami Christophe Lutundula quand il affirme notamment que « C’est quand même nous, [mais comprenez eux], qui avons la responsabilité de conduire in concreto ce que (le peuple) veut ». Pour ce faire, le peuple devrait leur dire ce qu’il leur reprocherait. Je trouve que Lutundula aime bien cette posture, celle d’être à la commande. Déjà à l’époque de son appartenance à leur « Majorité Présidentielle » (MP) », bien avant de porter son nouveau maillot d’opposant à l’intérieur du même système, Lutundula a dit la même chose dans une interview accordée à RFI. Je cite : « C’est quand même nous qui dirigeons ce pays ». Sauf que je me demande s’il pouvait encore le répéter aujourd’hui quand son expérience, qui lui a finalement appris le contraire, lui fait avouer que « C’est parce que Kabila n’a pas quitté, et ne veut pas quitter le pouvoir, qu’on jamais eu ni les locales ni les municipales ». Un aveu d’impuissance qui nous fait voir ça n’a jamais été eux qui étaient à la direction du pays. Ils ne contrôlent rien du tout. Quand on a déjà connu dans sa vie politique, on est passé de la Société Civile à la vie politique, dans un camp comme dans un autre, celui du « pouvoir-os » et de son « opposition, le pire serait de rester dans l’immobilisme conceptuel avec risque de faire ce que Lutundula a toujours reproché aux ainés : le flou. La jeunesse congolaise voudrait rêver et elle exige de nous notre dépassement. C’est mon message.

Les Congolais ne peuvent rien attendre de l’Union Africaine

Une chose est que Christophe a raison de dire que les Congolais ne peuvent « attendre quoi que ce soit de l’Union Africaine ». Même si d’autres voies, dont les actes pèchent par excès de zèle, ont proposé de nouveau la médiation de l’Union Africaine dans les crises préfabriquées au Congo-Kinshasa. Pour eux, c’est comme si Eden Kodjo n’est jamais passé par le Congo, alors que le togolais fut adoubé par la même Union Africaine, celle sous l’égide de laquelle furent signés les accords d’Addis-Abeba qu’elle-même n’a pas sus faire respecter. Lutundula évoque Salim, Kodjo ainsi que les résolutions de l’ONU, notamment les 2277 et 2348. Et au-delà, il accuse « Joseph Kabila » de se servir de l’Union Africaine ainsi que de la SADC, ce, au nom du principe de subsidiarité, c’est-à-dire « l’Afrique appartiendrait aux Africains », – mon œil -, pour contrer les pressions, et si seulement il y aurait pressions, quand c’est l’Union Européenne, d’après Alpha Kondé, qui finance l’Union Africaine. Je crains, et je comprends, que Christophe ne puisse pas vouloir assumer le fait de reconnaitre le rôle néfaste de la diplomatie rwandaise au sein de toutes les institutions internationales au nom desquelles le Rwanda assure et assume son mercenariat dans la région des Grands Lacs. Christophe ne saurait se l’avouer au risque de courir des représailles.

Sassou Nguesso et Pierre Péan
C’est ce qui arrive souvent quand nos amis et frères, c’est le cas de Christophe et de bien d’autres, font semblant d’ignorer pour qui ils travaillent réellement. Et pour les aides, je m’en vais citer, ce, en guise de rappel, la conversation à Oyo entre Sassou Nguesso et Pierre Péan que ce dernier reprend dans son livre « Carnages, les Guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». Et à ce propos, Péan écrit entre autres : « Sassou Nguesso, président du Congo Brazzaville me parle de Joseph Kabila : […] Ce jeune Joseph Kabila, […] venu de nulle part, en quinze jours il a eu les honneurs de Paris, Bruxelles, Londres et Washington…Joseph est un cheval de Troie du président rwandais. Officiellement, pendant la journée, il s’oppose à Paul Kagamé, mais, la nuit tombée, il marche avec lui… Or, en Afrique, c’est la nuit que les choses importantes se passent… », (Péan, 2010 : 531-532). C’est pour dire qu’ils ne le savaient pas que j’ai pris soin de le rappeler à leur souvenir. Mais comment on peut faire confiance aux hommes sans courage politique et humain parce qu’ils sont tout simplement incapables d’affronter leur propre réalité en face.

Les accords de la Saint Sylvestre et la violence exercée sur les masses congolaises

C’est quand même bizarre, je trouve, que Lutundula puisse affirmer que son Rassemblement tient toujours à son accord du 31 décembre ou de la Saint-Sylvestre malgré le fait de dire c’est « Joseph Kabila » qui ne veut pas quitter le pouvoir. Tenir à leur accord, c’est une chose. Cela ne nous regarde pas du fait que nous ne sommes pas tous du même bord. Tous, nous n’appartenons pas au Rassemblement. Tous, nous ne poursuivons pas les objectifs faute de partager la même lecture de la crise qui frappe le Congo depuis 1997. C’est de l’arbitraire que de nous imposer un accord qui n’a pas pour objet et objectif la fin du règne de l’imposture au Congo-Kinshasa et la soumission de tout un peuple au diktat du mercenariat rwandais. Mais c’est dans quelle langue il faudra le dire ? et combien de fois devrait-on le répéter ? Et à qui ? À ceux qui nient la domination du Congo alors qu’ils se montrent incapables de trouver des solutions allant dans le sens de leur souhait ? Insister sur l’importance des accords du complot de la Saint Sylvestre équivaut à exerce de la violence physique sur les masses congolaises. Bien sûr que je sais comprendre que tout est question de rapport de force. C’est Foucault qui l’exprime mieux dans son article « L’opinion publique n’existe pas. Je le cite : « L’état de l’opinion, [derrière laquelle nos frères se cachent] est un système de force, de tensions ». Et fin de citation. Seulement, le jour où nous serons capables de changer ce rapport de force, entre eux et nous, que nos amis et frères congolais, nos compatriotes, comprendront qu’ils ne parlent en notre nom.

Rébellion ?
Je ne pourrais terminer sans citer son ami Sesanga qui, dans la même vidéo, déclare à son tour que : « Nous nous sommes retrouvés, [lui et les siens], il y a une dizaine d’années. Et nous nous sommes rendus compte de la situation de notre pays et nous nous sommes dit, on veut mettre en place un modelé de démocratie, et qui était fondée sur quelque axes principaux. Et ces axes n’ont pas été établis par Kabila seul, mais nous, (et une fois de plus, eux), nous les avions tous décidés ensemble. Notamment, une armée, une justice et une constitution qui devraient nous assurer une alternance. Mais C’est Kabila seul qui s’est mis sous un mode de fonctionnement déviant par rapport à ce modèle ». Fin de citation.

Alors à qui attribuer la faute si Kabila est parvenu facilement à dribler ses complices d’hier et à adopter « un fonctionnement déviant » comme il le déclare lui-même ? Comment, dans ce cas, faire confiance aux gens qui, une fois de plus, se sont montrés inaptes à prévoir le mécanisme de blocage qui aurait empêcher le type de banditisme de Kabila à leur égard ? Qu’est-ce que cela signifie, de sa part, de dire qu’il connait la rébellion pour l’avoir faite. Mais de quelle rébellion dont il ne cite le nom quand toutes rébellions furent une cuisine Rwando-rwandaise. Ceux qui veulent perpétuer le statu quo nous trouverons en face d’eux et debout. Le jour où les Congolais cesseront de faire la guerre par procuration, c’est-à-dire de la subir, le monde découvrira le véritable homme congolais.

Non, vous ne parlez pas en mon nom.

Tshiyoyo Mufoncol
mufoncol.tshiyoyo@gmail.com
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