06 Jun Enterrer Lumumba au Congo sans la présence de la Belgique et des USA…
L’enterrement des fragments du corps de Lumumba aura finalement lieu au Congo, et ce, après des années. Je ne sais pas s’il faille nous en réjouir sans que des questions utiles ne soient soulevées. Surtout pas quand on sait que la Belgique et les USA figurent sur la liste des pays organisateurs de l’assassinat du feu Lumumba. Au-delà, le royaume de la Belgique a longtemps gardé ces reliques sur son sol sans que les USA, puissance tutélaire, ne le dénoncent. Même au nom des principes de moralité que leur confère pourtant leur rang de « puissance » mondiale. Ici, il est également important de relever trois faits. Les restes de Lumumba furent détenus en Belgique contre le gré de la famille du défunt. Sans s’en offusquer, personne n’a songé à les rendre à qui de droit, alors que Lumumba était déclaré mort. Fallait-il attendre que les enfants de Lumumba en fassent la demande ?
Dans le temps et selon des principes du mysticisme assez « répandus » en Occident, les vainqueurs d’une guerre ramènent chez lui, comme trophée, soit la tête coupée du chef tué du camp adverse soit un autre organe de son corps. Ceci dans le but de se préserver contre l’éventualité de vengeance de l’esprit du revenant. La guerre de conquête de l’Amérique contre les Indiens Apaches est pleine d’anecdotes allant dans ce sens. D’où, l’importance que nous accordons à la question de la participation de la Belgique et des USA aux festivités marquant les funérailles de Lumumba. La nation Congolaise rendra hommage à Lumumba. Elle lui donnera enfin une sépulture : sa dernière demeure. Lors de la naissance d’un individu, une demeure accueille le nouveau venu. À sa mort, la terre lui reçoit comme dernière adresse connue. Mais Lumumba, malgré sa disparition plus de 60 ans après, n’avait pas de lieu fixe de résidence. Ne pas avoir une sépulture, c’est se voir nier le droit d’avoir existé. La cruauté d’un monde que la réalité du vainqueur du moment impose aux peuples qui choisissent le ventre, le « bonheur » en lieu et à la place de la liberté. C’est notre devoir de faire comprendre à la Belgique et aux USA que les forces “impériales” ont également des comptes à rendre. Les rares circonstances qui se présentent devant nous sont autant d’occasions à saisir pour se donner des moyens de pression. Sinon, la messe sera entendue. Le sort d’un peuple en quête d’une issue provenant de ses efforts sera définitivement scellé.
Nous sommes habitués aux forces réactionnaires. Nous entendrons des cris poussés ci et là. Ils nous accuseront d’extrêmes et d’extrémisme, mais sans définir autrement ce que sont en réalité les extrémités. Qui définit les extrêmes ? C’est au nom de quels principes ? De quels droits ? Nous tiendrons compte de leur critique sans nous départir de notre droit en tant que fils du pays de poser la question de la participation de la Belgique et des USA au deuil de Lumumba ? Pour la promotion et la défense de quels intérêts ? Pour quelle utilité si le Congo devait payer pour des crimes que le pays n’a jamais commis. La participation de la Belgique et des USA aux funérailles de Lumumba sonne comme une trahison. Faut-il que les deux pays susmentionnés s’arrogent du droit de se moquer de celui à qui ils ont privé la vie ? Au nom de tous les nôtres, c’est le devoir de faire entendre un son de musique inhabituel. Est-ce un crime que de questionner le monde ? Non, l’enterrement de Lumumba nous parle. Lumumba bien que mort s’adresse à nous. Non pas parce que nous en sommes des fanatiques. C’est juste que nous voulons donner du sens à la formation d’une mémoire collective, d’un sens commun de vie. Lumumba, que l’homme soit aimé ou pas, il existe des moments où un peuple se saisit de l’histoire afin d’exister, de forger une mémoire collective, de s’engager dans un nouveau contrat social. Aujourd’hui, il n’y a aucun honneur à tirer de la part de la Belgique pour la remise des reliques de Lumumba aux Congolais. La famille de Lumumba serait-elle en train de trahir sa mémoire ? Le peuple du Congo doit savoir ce qu’il veut et pour le Congo et pour lui-même. Il doit en avoir des idées claires. La mondialisation exacerbe les différences. C’est le moment d’exister pour les peuples qui ont longtemps été dominés. L’enterrement de Lumumba n’aura de sens que dans le cadre de la formation d’une mémoire collective.
Chaque jour qui passe, « Likambo oyo ezali likambo ya mabele » se fraye un chemin.
Mufoncol Tshiyoyo, MT
MT & Associates consulting group ( Think Tank)
Ketoura Anaclet
Posted at 14:54h, 11 AprilBravo Tonton, j’aime les faits que vous avez soulevé! L’ assassination de Lumumba et le manque du justice sera toujours une tache sur l’histoire Congolais.