Faut-il sacrifier notre jeunesse quand nous ne savons ni la protéger, ni la défendre contre des forces qui l’exterminent ?

Faut-il sacrifier notre jeunesse quand nous ne savons ni la protéger, ni la défendre contre des forces qui l’exterminent ?

Hannah Arendt a une fois écrit : “En politique connais ton anniversaire est au moins aussi important que connais-toi, toi-même”.

Je me dis que faisons-nous de notre jeunesse quand celle d’ailleurs, sous d’autres cieux, celle qui a l’avantage d’avoir déjà vécu, de l’avoir déjà expérimentée dans sa chair, du moins dans son expression actuelle, ce que tout le monde, et même chez nous, appelle « démocratie », lui tourne le dos. Je cite, et ce parmi tant d’autres exemples, le cas du jeune Antoine Böhm (voir vidéo en annexe) qui vient de publier un livre au titre, ô combien révélateur qui exprime la malaise qui secoue le milieu de cette jeunesse en Occident.

Elle n’en croit plus. Certains osent même dire que la démocratie ne fut qu’une imposture alors que chez nous, nous qui ne l’avons ni essayée, ni appliquée, nous en rêvons quand ailleurs, sous d’autres cieux, elle a déjà perdu toute son essentialité, son essence même. Je pensais que dans pareille situation, d’autres peuples auraient tiré des leçons de son échec et proposer en retour des solutions originales au lieu d’embarquer notre jeunesse sur des voies qui se solderont par les mêmes déboires. Ceux qui font que la jeunesse d’ailleurs se met tout d’un coup à chercher des Lumumba chez et parmi elle. Antoine Böhm lit et cherche à appréhender le sens de la lutte de Lumumba alors que chez nous peu croient en ses méthodes. Comment prendre le pouvoir sans parti politique. Un autre du nom de Pouria Amirshahi déclare dans une interview accordée au journal Le Monde déclare :

« Je quitte le PS et le monde des partis en général, rhizomes d’un système institutionnel à bout de souffle. Ils sont devenus des machines électorales sans grande conviction, sans promesse d’avenir heureux pour le pays. Ils sont au mieux incapables, au pire dangereux Notre système, confiscatoire de pouvoirs et de richesses, mène à l’abîme démocratique, social ou écologique. Et les partis semblent ne pas pouvoir faire grand-chose quand ils ne sont pas carrément dans le renoncement ou la complicité. […] Il y a chez nous comme ailleurs une caste de technocrates et de possédants de plus en plus puissants, et c’est contre cela que la gauche et les authentiques républicains doivent lutter ».

Pourquoi nous envoyons notre jeunesse à la mort alors que nous savons bien que nous ne saurons la défendre face aux mercenaires de tout genre. Je ne suis personnellement pas contre le fait que des jeunes congolais s’engagent et se battent pour le rêve qu’ils ont d’un Congo à leur goût, à leur image, libre, souveraine et authentique. Et je sais aussi qu’elle se jette dans les bras de l’adversaire, qu’elle se laisse financer par des officines d’ailleurs parce que nous, les ainés, ne leur proposons rien de précis, de concret et faute d’argent pour soutenir leur rébellion. Parce que beaucoup vont chercher le financement ailleurs et à des conditions avilissantes.

Toutefois, je m’interroge s’il faille laisser notre jeunesse s’embourber, qu’elle se fasse arrêter, les envoyer au front quand nous nous montrons incapables à donner la mort à ceux qui tuent nos enfants à l’Est, à Bunia et ailleurs. Ceux qui les emprisonnent parce que nous les sacrifions sans résultat sauf qu’ils payent chers.

Combien sont morts hier sous les actions de l’Union Sacrée, de l’UDPS, de la Société Civile ? Combien ? Qu’en avons- nous fait. Même pas un monument, même pas quelques célébrations et ce en leur mémoire. Je ne suis pas contre le fait que des gens meurent pour le Congo mais comme nous l’avons fait hier, avec des villes mortes, des marches, de ceci ou de cela. Aujourd’hui, nous ne pourrions pas, et c’est mon interrogation proposer autre chose et d’efficace à cette jeunesse au lieu de persévérer dans l’inefficience, éviter de lui présenter le véritable adversaire et contre personne ne combat par peur et faute d’inventivité.

Voilà, la différence est que moi, je me pose des questions quand j’entends des cris libérer tel ou je vois des images de notre jeunesse en prison et sacrifiée. Il est temps que nous assumions tout, et des responsabilités et leurs conséquences. Sinon, je n’encourage le fait d’un sacrifice sans lendemain au nom du passé et de l’écriture de notre propre histoire. Je refuse de m’inscrire dans la logique du « contentement de l’esprit » et après se laver les mains en se disant on fait ou on a fait quelque chose. Mais quoi ?

Des hommes grands inventent l’histoire. Seuls des peuples dominés qui retombent dans le même piège et accompagnent l’histoire d’autrui.

Tshiyoyo Mufoncol
mufoncol.tshiyoyo@gmail.com
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