23 Nov Les missiles russes RS-26 Rubezh en Ukraine : réécrire les règles de la scène internationale
Dans un contexte géopolitique marqué par des contingences croissantes et des confrontations ouvertes, certains actes dépassent les simples calculs stratégiques pour s’imposer comme des affirmations de souveraineté et de liberté. Le lancement du missile balistique RS-26 Rubezh par la Russie s’inscrit précisément dans cette logique. Toutefois, ce texte ne s’attarde pas sur l’usage de missiles étrangers, un sujet largement couvert par la presse, mais sur la manière dont la Russie a choisi de répondre à cette dynamique. Son geste audacieux, que l’on ne peut ignorer, dépasse la simple démonstration de force. Il s’inscrit dans une vision plus large : celle de la redéfinition des règles du jeu mondial, “The Game”.
La nature des Anglo-Saxons : une constante historique
Dans toute lutte, la connaissance de l’identité de l’adversaire et de la nature de l’adversité imposée reste un atout décisif pour espérer la victoire. Comprendre les dynamiques et les motivations des forces opposées est essentiel pour élaborer une stratégie efficace. Dans ce contexte, l’autorisation donnée aux forces ukrainiennes d’utiliser des missiles britanniques et américains contre la Russie semble surprenante pour ceux qui négligent d’étudier l’identité et les mécanismes de l’adversaire. Pourtant, elle illustre une constante bien connue dans l’histoire des puissances anglo-saxonnes. Comme le souligne le professeur Andrej Fursov, directeur du Centre d’études russes à l’Université des sciences humaines de Moscou :
« Cela ne fait pas partie des traditions des Anglo-Saxons de lâcher prise après avoir planté leurs crocs dans une proie comme un pitbull. Ils feront pression à fond jusqu’à ce qu’ils aient imposé leur projet ou jusqu’à ce que l’adversaire leur brise les reins » (Horizons et débats).
Ce dernier point est crucial : “jusqu’à ce que l’adversaire leur casse les reins”. Fursov met en évidence que ce qui dissuade réellement les Anglo-Saxons, ce n’est pas la diplomatie ou les concessions, mais le coût insupportable qu’un adversaire peut leur infliger. Cela souligne une réalité : les Anglo-Saxons respectent davantage ceux qui leur tiennent tête et qui démontrent une capacité à résister avec fermeté.
Cette logique de confrontation, qui pousse souvent les plus faibles à se soumettre ou à négocier des compromis humiliants, impose pourtant une exigence à tout État souhaitant s’opposer à une forme d’hégémonie : être prêt à payer le prix de l’affrontement pour imposer avant tout le respect. Une fois la dynamique de l’adversité comprise, le véritable enjeu devient celui de la réponse. La Russie, en refusant de céder aux pressions extérieures, démontre qu’il ne suffit pas de résister : il faut agir avec audace pour redéfinir les règles du jeu. Cette leçon n’est pas propre à la Russie. Elle s’adresse à toute nation cherchant à transformer la contrainte en affirmation de sa souveraineté.
Face à un monde dominé par les rapports de force, l’action audacieuse se mue en un langage universel. Elle transcende les pressions externes et révèle la liberté d’une nation ou d’un individu face à l’imposition de règles par autrui. Elle transforme l’homme, le conduisant à devenir ce qu’il est véritablement ou ce qu’il aspire à être. La Russie de Vladimir Poutine en a fait une arme stratégique. Le lancement du RS-26 Rubezh, bien plus qu’une simple démonstration de force militaire, comme le souligne déjà une certaine presse, s’impose avant tout comme une déclaration de souveraineté. Elle exprime une responsabilité incontournable : celle d’agir en faveur de ses propres intérêts. « Je suis tenu de protéger la Russie », semble-t-elle proclamer. Ce geste audacieux est le témoignage d’un État qui refuse de se soumettre à des logiques imposées et choisit de tracer sa propre voie.
L’audace comme levier de puissance : une souveraineté arrachée
L’audace, lorsqu’elle est maîtrisée, devient un levier de puissance. Ce choix stratégique, loin d’être une simple réaction, s’inscrit dans une vision à long terme : affirmer la place légitime de la Russie dans un système mondial souvent biaisé. En optant pour un missile balistique conventionnel, la Russie envoie un message clair : elle ne se laissera pas réduire au rôle de spectateur ou de pion sur l’échiquier des grandes puissances. Particulièrement face aux Anglo-Saxons. Un général russe, Alexej Jedrichin-Wandam, qui a longtemps combattu les Anglo-Saxons, déclarait à leur sujet :
« Il n’y a qu’une chose qui puisse être pire que l’hostilité avec les Anglo-Saxons : c’est l’amitié avec eux. »
Ce scepticisme vis-à-vis des Anglo-Saxons, partagé par Alexej Jedrichin-Wandam, trouve une résonance universelle dans les écrits de Fanon sur la souveraineté et la liberté. Cependant, l’audace ne repose pas uniquement sur des calculs stratégiques. Elle exige également un caractère fort et une volonté indéfectible, des qualités que Fanon évoquait dans son œuvre majeure Les Damnés de la Terre. Selon lui, la liberté et la souveraineté ne se quémandent pas : elles doivent être arrachées par ceux qui osent défier l’ordre établi. Fanon écrivait :
« La décolonisation est véritablement la création d’hommes nouveaux. Mais cette création ne reçoit toute sa signification et sa plénitude que si nous la guidons avec clarté et responsabilité. »
Cette idée de souveraineté arrachée trouve un écho dans les actions contemporaines des nations africaines comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui refusent d’être des extensions de puissances étrangères. Ces pays, en exigeant le retrait des forces françaises et américaines, affirment leur autonomie et redéfinissent leur place sur la scène internationale. Loin d’être un simple acte de défi, cette affirmation est une leçon universelle : la souveraineté ne se transmet pas comme un don, elle se conquiert par une lutte intransigeante. En cela, Fanon nous rappelle que la véritable émancipation ne consiste pas seulement à rejeter l’oppression, mais également à reconstruire sa propre identité et sa propre destinée.
En somme, l’audace est le moteur de l’histoire
L’histoire appartient à ceux qui osent agir. En refusant de se plier aux règles établies, la Russie rappelle une vérité intemporelle : la grandeur ne réside pas dans la force brute, mais dans la capacité de redéfinir son propre destin. Ce geste audacieux inspire au-delà des frontières, illustrant une leçon universelle. Dans cette quête, chaque nation, chaque peuple, est confronté à la même question : comment transformer une position de faiblesse en une opportunité d’affirmer son indépendance ? La réponse réside, bien souvent, dans l’habileté à agir avec détermination et à porter un regard lucide sur ses propres intérêts. Un rêve fiévreusement porté pour le Congo, où l’audace et la souveraineté redessineront notre destin.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.
Think Tank La Libération par la Perception (Lp)
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