
27 Mar MANIFESTE DU VIDE
MANIFESTE DU VIDE
Congo. Ce nom, jadis promesse, est aujourd’hui cri muet.
Ce pays, immense, est devenu un trou.
Un trou béant.
Un territoire sans direction.
Sans centre.
Sans souffle.
Ce n’est pas un échec, c’est une absence.
Il n’y a pas de dérive : il n’y a pas de cap.
Il n’y a pas de trahison récente : la trahison est fondatrice.
On parle de Kagame,
on détourne les yeux de Museveni.
L’un joue le loup,
l’autre, le parrain noir.
Mais le vide, lui, ne joue pas. Il ronge.
Nous vivons dans un pays où il ne se passe rien.
Rien, sauf l’extension du vide.
Rien, sauf l’effacement.
Rien, sauf la répétition du néant.
Ici, le vide règne.
Pas un vide passager —
mais un vide qui s’est installé,
qui a pris les formes, les titres, les uniformes.
Un vide qui signe, qui parade,
mais qui ne crée rien,
ne protège rien,
n’élève rien.
Et dans ce silence,
chaque mort parle.
Chaque mort dit ce que les vivants n’osent plus dire.
Chaque mort crie : Le vide tue.
Nous ne réclamons pas la réforme du néant.
On ne réforme pas l’absence.
On ne négocie pas avec le vide.
Nous portons le refus.
Refus d’être avalés.
Refus de faire semblant.
Refus de vivre dans un pays où rien ne se passe,
parce que tout a été remis à l’oubli.
Congo, nous te voulons plein.
Plein de vie, plein de sens, plein de force.
Mais d’abord,
il faut nommer le vide.
L’arracher de nos mots,
l’extraire de nos institutions,
le bannir de nos chairs.
Ceci est un commencement.
« I write what I like. »
Steve Biko
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.,
Membre du mouvement La Dissidence « D »
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